Une note de famille trouvée par hasard

Aujourd’hui, en fouillant dans gallica, je suis tombé sur un ouvrage intitulé Généalogie des de La Grandière, 1280-1894. Je cherchais en fait la légende de la mort d’Eon Coroller, que je pensais trouver dans la Vie des Saints de Bretagne Armorique.

Dans la page de résultat, je trouve cette généalogie, que je n’avais pas encore regardé. Il se trouve que la famille de La Grandière compte Yves Coroller et Guillemette Le Borgne parmi ses ancêtres. Yves Coroller fut procureur syndic de Morlaix dans les années 1630. Sa fille épousa Jacques Alain de La Marre, qui fait l’objet de l’essentiel de mes recherches.

Cette note, trouvée d’après l’auteur dans des papiers de familles en Vendée, contient quelques erreurs. Monsieur de La Marre n’est pas décédé à Bordeaux pendant qu’il y réglait une affaire ; il s’est éteint dans son lit à Morlaix après avoir fait revenir 3 fois le notaire pour son testament. Guillemette Le Borgne n’a eu « que » 18 enfants et non 22, mais sa fille Marie en a eu 18 enfants et non 16.

Mise à part ces quelques imprécisions, la note nous livre des détails précieux et inédits sur la vie intime de la famille Coroller. Guillemette Le Borgne est décédée après une chute dans les escaliers du cloître des Jacobins, lors d’une procession (les marches sont encore visibles dans la cour du musée). Elle réunissait pour sa fête (le 10 janvier) ses enfants, petits-enfants et arrières ; ils trouvaient tous un sous sous leur couvert. Madame de La Marre filait et faisait filer ses filles. Ces détails sont cohérents avec les objets inventoriés chez Monsieur et Madame de La Marre.

Quelques extraits

(1) C’est par elle (FRANÇOISE-PAULE HYACINTHE LE MINUIT DU REFUGE) que la famille de la Grandière se trouve alliée à un très grand nombre de familles de la Bretagne, de l’Anjou et de la Normandie. (…)

Son père, Jean-François Le Minihy du Rumeu, né en 1690 et mort en 1779, était fils de M. Le Minihy de Penfrat et de Perrine Le Coroller, la dix-neuvième des enfants de Yves Le Corroller et de Guillemette Le Borgne.

Yves Le Coroller et Guillemette Le Borgne offrent un exemple remarquable de fécondité. Ils eurent vingt-deux enfants et une de leurs filles, Mme de la Marre, en eut seize.

De ces nombreux enfants, quelques-uns moururent jeunes; il y en eut qui vécurent dans le célibat ou entrèrent en religion ; mais la plupart prirent alliance avec des familles distinguées de Morlaix et de ses environs. Les garçons formèrent plusieurs branches qui, maintenant, se réduisent à deux ou trois. Les filles ont donné des mères à un grand nombre d’autres familles qui se sont multipliées à leur tour et ont formé des alliances à d’autres maisons et ont ainsi produit une postérité nombreuse, tant en haute et basse Bretagne qu’en Anjou et en Normandie et probablement ailleurs. Il est certain qu’il y a peu de familles remarquables aux environs de Morlaix qui n’ait quelque aïeule du nom de Le Coroller, d’autant que les degrés antérieurs à Yves, mari de Guillemette Le Borgne, ont fourni beaucoup d’enfants qui se sont établis, quoique en moindre nombre que ceux qu’ils ont produits, ainsi que leur fille Mme de la Marre.

Yves Le Coroller, seigneur de Kervescontou, était fils de Jean, propriétaire de ce lieu en Plougaznou et d’autres biens ruraux, et de Marie de Parthevaux. Il appartenait à une famille noble ancienne et distinguée dès le XIVe siècle à Morlaix, où elle avait occupé depuis plusieurs générations les premières charges municipales ; elle s’était, suivant l’usage du pays, adonnée au commerce maritime, alors fort avantageux et fort lucratif dans cette place, et y avait acquis de la richesse.

Yves épousa, vers 1630, Guillemette Le Borgne de Lauharan , en Plestin , qui avait voulu se faire carmélite et qui, ne se sentant pas appelée en cet état, quitta le couvent de Morlaix avant d’y avoir prononcé ses voeux. Parvenue à un âge très avancé, elle put voir de son vivant cent dix-sept enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants issus d’elle. Elle se plaisait à réunir chez elle tous les ans, le jour de sa fête, tous ceux de ses descendants qui habitaient Morlaix et ses environs, et chacun d’eux trouvait, sur son couvert, un sou, destiné à acheter des gâteaux aux plus petits; on a cru devoir citer un pareil exemple des moeurs patriarcales de ce temps.

On ajoutera que Mme de la Marre, sa fille, filait elle même et faisait filer et tricoter par ses nombreuses filles, de la laine dont M. de la Marre faisait fabriquer une partie pour servir à l’habillement de sa nombreuse famille; on voit jusqu’à quel point le commerce quoique opulent poussait alors l’esprit de simplicité, de frugalité et d’économie; cependant il possédait une magnifique argenterie, qui passait pour la plus belle et la plus recherchée qui existât dans toute la Bretagne, et il avait marié ses filles dans des maisons distinguées par leur naissance et leur richesse.

Guillemette Le Borgne survécut à son mari Yves Le Coroller et sa vie fut terminée par un accident. Ayant voulu, malgré son grand âge, suivre la procession qui avait lieu autour du cloître des Jacobins, le jour de la fête du Rosaire, elle eut le malheur de tomber au milieu de la foule qui se pressait dans le mauvais escalier qui conduisait de l’église dans le cloître et y fut foulée aux pieds avant qu’il eût été possible de la relever ; elle avait alors environ quatre-vingt-huit ans et avait joui d’une santé robuste; ce choc occasionna sa mort peu de temps après.

Quatre des enfants de Guillemette Le Borgne naquirent antérieurement à 1634 dans des paroisses autres que celle de Saint-Melaine; les dix-huit autres naquirent sur cette paroisse, sur les registres de laquelle on retrouve leur date de naissance.

Voici quels furent ces enfants :

I. Joseph-Mériadec Le Coroller, qui épousa Éléonore Blanchard, dont sont sorties les branches de la famille Le Coroller encore existantes, et par les filles les familles Boudin de Tromelin, Arthur de Keralio, Provost de Boisbilly, de Biois, Jacquelot de Boisrouvray, en Bretagne, et en Normandie celles d’Aumesnil, Le Coustelier, de Fribois, Le Mierre d’Allemagne, de Blays, de Crespon et Bourdon de Grammont, qui habitent les environs de Caen.

II. Joseph Le Coroller du Necoat, qui n’eut qu’une fille qui épousa un M. Bonnemetz du Bois, riche banquier de Morlaix, dont sont sortis MM. de Kerouartz et d’Aboville.

V. Marie, née à Saint-Melaine en 1634, mariée le 12 octobre 1655, dans la même paroisse, à Jacques Alain de la Marre. Il appartenait à une branche cadette, mais peu fortunée, d’une famille noble de Normandie qui, en 1576, avait fourni un conseiller au parlement de Bretagne. Il vint s’établir à Morlaix vers l’an 1635, époque où le commerce de cette ville était dans tout son éclat et sa prospérité ; il se livra à cette partie et parvint par son talent, son habileté, son exacte probité et à l’aide de circonstances heureuses dont il sut tirer parti, à y acquérir une fortune immense et que l’on croit la plus considérable de celles qui ont jamais été faites sur cette place de commerce.

La grande richesse de M. et Mme de la Marre a passé longtemps en proverbe parmi le peuple de Morlaix, ainsi que leur charité pour les pauvres. Ce furent surtout les spéculations de banque calculées avec sagesse et intelligence qui furent le principal moyen de M. de la Marre. Il fut maire de la ville de Morlaix en 1671 et 1672 et premier juge-consul ou président du tribunal de commerce en 1678 et 1680; il acquit en 1687 une charge de secrétaire du Roi à la chancellerie près le parlement de Bretagne. (…)

Des quatre fils, l’un mourut jeune ; un se fit jésuite et les deux autres, connus sous les noms de Montatilan et de Morinville, vécurent dans le monde; on ignore si ce dernier, qui n’habitait pas la Bretagne ou du moins les environs de Morlaix, a laissé postérité.

Des douze filles, trois moururent jeunes, deux se firent religieuses et les sept autres se marièrent dans des maisons distinguées et ont laissé des enfants, garçons et filles, qui se sont alliés dans beaucoup d’autres familles.

Outre celles des soeurs dont on a cité ci-dessus l’époque du mariage, tiré des registres de la paroisse de Saint-Melaine de Morlaix, on sait que l’une avait épousé un M. du Merdy de Catuélan, dont sont sorties les familles de Catuélan et de Boispéan, et l’autre un d’Oillamson, en Normandie; mais comme ces mariages ont eu lieu dans d’autres paroisses, on n’a pu retrouver ni l’époque, ni les prénoms des contractants.

M. de la Marre mourut à Bordeaux, où il s’était rendu pour régler une affaire. — Sa femme mourut en 17.. dans la maison qu’ils occupèrent à Morlaix, donnant sur la ruelle dite de Rossenic, qu’ont longtemps habitée depuis MM. de Kerouartz. C’était jadis un manoir de campagne appelé Trohéou, avant que cette portion de la ville, qu’on nommait alors faubourg de Saint-Melaine, fût couverte de maisons.

M. et Mme de la Marre laissèrent à chacun de leurs enfants susceptibles de leur hériter une fortune de la valeur de 130,000 livres, tant en biens-fonds qu’en valeurs numéraires, outre plusieurs fondations religieuses et aumônes dont on leur est redevable. (…)

XIX. Perrine, née en 1653, mariée avec M. Le Minihy de Penfrat, et dont sont issues les familles Le Minihy du Rumen, Chanu de Keredein, Chanu de Limur, Mauduit du Plessix, de la Grandière. (…)

(Cette note est extraite d’un manuscrit conservé dans la branche des de la Grandière de Vendée.)

4 réflexions au sujet de « Une note de famille trouvée par hasard »

  1. Bonjour Mikael,
    Je suis vivement intéressée par vos recherches . J’aimerai savoir si vous savez ou est née Marie Parthevaux ??
    est-ce à St-Mathieu de Morlaix ??, je cherche depuis très longtemps la naissance de sa soeur : Françoise Parthevaux (ou Bertevas…dans Keranveyer) , pour connaitre le nom des premiers enfants avec Jehan SIOCHAN , né le 9/9/1574 ,St-Pol ..(85V)..7 enfants à Roscoff , et ailleurs???+ à Roscoff en 1612., elle se
    remariera avec Pierre Quintin de Rochglas veuf lui aussi . ( 1 fille à Roscoff ensemble) …
    Bien cordialement, et merci d’avance .
    Bonne recherche .
    Yvonne Prigent/Siohan.

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    1. Malheureusement, non. Les registres de St-Mathieu commencent au 16ème siècle mais je ne l’y ai pas trouvé. Elle est peut-être née à St-Melaine ou St-Martin. En tout cas Yves Parthevaux de La Tour (son père?) est jurat de Morlaix en 1589 et miseur en 1594. Il doit donc résider à Morlaix à cette période.
      Par ailleurs Françoise Floc’h de La Tour est la marraine des deux premiers enfants de Jean Coroller et Marie Partevaux dans les années 1600. Il me semble même que Jehan Siochan est le parrain d’un de leurs enfants suivants.

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  2. Bonsoir,
    Je viens de trouver votre message à l’instant .
    Je vous remercie vivement .
    Si , jamais vous trouvez quelque chose sur Françoise Partevaux , décédée a St-Mathieu en 1640 , remariée à Pierre Quintin de rochglas , qui décédera à st Mathieu en 1650, prévenez moi …
    Merci d’avance .
    Bien cordialement .
    Yvonne Prigent /Siohan.

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