Le quai de Tréguier en 1677

Les archives départementales de Loire-Atlantique renferment des gros registres du XVIIe siècle qui permettent de se faire une idée assez précise de ce qu’était Morlaix en 1677. Au sein de cette mine d’information, j’ai sélectionné le quai de Tréguier, sur 200 mètres, entre l’hôtel du Parc et celui de Coetlosquet. Cet article vise à vous présenter chacune des maisons composant ce quartier de Morlaix, d’après les déclarations de leurs propriétaires.

En janvier 1676, la chambre des comptes de Bretagne désigne François Bouyn pour conduire la réformation du domaine royal de Morlaix. Il s’agit d’établir un inventaire précis des biens de l’Etat, véritable préfiguration du cadastre napoléonien, mais sans l’établissement du plan cadastral. Toutes les personnes détenant des biens sous la suzeraineté directe du roi, c’est-à-dire surtout dans les villes, doivent les déclarer avec précision, et faire enregistrer leur aveu auprès de la cour royale.

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Première page de la déclaration de l’hôtel de Coetlosquet. AD 44, B 1802.

Chacune des déclarations est établie séparément par un notaire mais suit une trame assez homogène. Toutes commencent par les noms et qualités du ou des détenteurs du bien. Puis s’ensuit une longue formule expliquant le cadre juridique de la réformation du domaine. Ensuite débute vraiment la déclaration avec la description des biens, leurs dimensions et les propriétés qui les bordent. Est indiquée aussi l’origine de la propriété (succession, achat, échange, etc.). La première partie de l’aveu se termine toujours par la date et la signature des notaires et des déclarants. Quelques mois plus tard, interviennent l’enregistrement de la déclaration par la cour royale et son insertion dans le « papier-terrier » (les gros registres conservés jusqu’à aujourd’hui). Dans le cas du quai de Tréguier, pour presque toutes les propriétés, est ajoutée, en octobre 1678, la mention d’une sorte d’amende annuelle (avec un arriéré de 29 années) pour occupation non autorisée du domaine royal.

Pour suivre l’ordre du registre, j’ai choisi de décrire chacune des propriétés en commençant par l’hôtel de Coetlosquet et en remontant le quai vers l’amont jusqu’au pied de l’église Saint-Melanie. Au milieu de cette série, vous reconnaîtrez normalement l’un des déclarants : Jacques Alain, sieur de La Marre.

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Afin d’aider la compréhension de ces descriptions, je me suis appuyé sur un certains nombre d’oeuvres iconographiques anciennes (dont certaines disponibles sur le très bon site de JM Pouliquen) et sur deux plans :

  • Plan géométrique de la ville de Morlaix, des faubourgs et du port, avec le projet des redressements en alignement des rues en place tracés en ligne jaune. / Besnard, ingénieur des Ponts et Chaussées de Bretagne au département de Landerneau. Morlaix. Dont un fac-similé de 1983 est disponible en ligne sur le site des Archives Départementales du Finistère (7 Fi 186, planches 9 et 10).
  • Le cadastre de Morlaix en 1833, également disponible en ligne sur le site des Archives Départementales du Finistère (3P 152/1/5, section B1 de l’Est).

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Cadastre Morlaix en 1833 (AD29, 3P 152/1)
Cadastre Morlaix en 1833 (AD29, 3P 152/1)

1. Hôtel de madame de Coetlosquet

Le 12 avril 1677, dame Françoise Le Segaller, dame douairière de Coetlosquet, fille et héritière principale de défunte dame Françoise Syohan, vivante douairière du Plessix, pour elle et pour écuyer Jean Le Borgne, seigneur de Trévidy, héritier principal de défunte dame Madeleine Syohan, sa mère, déclarent détenir une maison sur le quai de Tréguier. Ils ne résident pas sur place, mais dans la rue Saint-Melaine.

Dimensions de la maison : 24 pieds et demi de largeur sur le quai et 42 pieds de profondeur.

Origine de la propriété : les dames Syohan la tenaient de la succession collatérale de défunt écuyer Vincent de Partevaux, sieur de Portzboden, selon un acte de partage du 3 juillet 1667.

Rentes payées sur la maison : 41 Livres 3 sols et 6 deniers aux héritiers de la dame de Rochlédan, 6 Livres au seigneur marquis de Goezbriand, 24 sols à l’église Notre-Dame du Mur, 15 Livres aux religieux du couvent de Saint-Dominique.

Amende : 3 Livres et 17 sols, pour 3 toises 3/4 et 7 pieds.

Remarques : Numéro 28 sur le cadastre de 1833. Cet hôtel est connu sous plusieurs noms : Coetlosquet, ou Kerouartz (du nom de la famille qui l’occupait à la Révolution) ou encore Andrieux (du nom de la famille industrieuse à la tête des papeteries de La Lande en Pleyber-Christ). Au vu de la déclaration de 1677, on devrait le nommer hôtel de Partevaux. Avec l’hôtel du Parc, d’une architecture proche et faisant l’autre extrémité de cet alignement, c’est le seul bâtiment dans un état proche de l’original. Et encore, si l’on observe bien le dessin du XVIIIe siècle, on voit que la façade ardoisée qui semble « antique », est en fait le résultat d’une rénovation postérieure au croquis, sur lequel la façade est bien droite et porte 3 fenêtres aux 1er et 2ème étages.

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2. Maison de Monsieur de Bodon

Le 21 avril 1677, écuyer Jacques de Tournemouche, sieur de Bodon, héritier principal de défunt écuyer Jacques de Tournemouche, sieur de Bodon. Il réside sur place.

Dimensions de la maison : 21 pieds et demi de face sur le quai, pour 61 pieds (inclus une petite cour à l’arrière). « La maison avance savoir les chambres de devant sur le dit quai de 13 pieds et demie sous lequel passe le grand hantement et service du public« , portée par 2 piliers de pierre.

Origine de la propriété : Succession collatérale de défunt écuyer François de Tournemouche sieur de Kerezrou, décédé sans héritiers, frère du dit défunt sieur de Bodon, selon l’acte de partage de la succession de défunt écuyer Martin de Tournemouche, leur prédécesseur, daté du 2 septembre 1618.

Rentes sur la maison : 30 écus aux mères du Calvaire (selon donation par le sieur de Kerezrou, enterré dans l’église du Calvaire).

Amende : 4 Livres 6 sols 8 deniers, pour 4 toises 1/3.

Remarques : Numéro 29 sur le cadastre de 1833. Sur les croquis ci-dessous, on voit que cette maison est la première à posséder cette avancée caractéristique du quai, et constitue donc l’entrée de la rue couverte. Le style architectural semble plutôt caractéristique du début du XVIIème siècle, avec une façade droite sur le quai, mais peut aussi répondre aux contraintes de la parcelle, limitée à l’arrière par la petite venelle montant au manoir de Trohéou. En 1782, cette maison est jointe à l’hôtel de Coetlosquet (Mr Gueguen), laissant croire à tort en un bâtiment unique, mais le cadastre de 1833 comporte bien 2 parcelles séparées (28 et 29). Au milieu du XIXème siècle, les 2 piliers de pierre décrits en 1677 ont apparemment été renforcés d’un 3ème pilier central, plus large.

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3 et 4. Deux maisons de Madame de Trébompé

Le 19 avril 1677, demoiselle Perrine Calloët, dame douairière de Trébompé, veuve de défunt noble homme Guillaume Blanchart, vivant sieur de Trébompé, pour elle et comme curatrice de leurs enfants mineurs.  Elle réside sur place.

Dimensions des maisons : la première a 18 pieds de face sur le quai, pour une longueur de 65 pieds et une hauteur de 26 pieds. La seconde a 21 pieds de face sur le quai, pour 66 pieds de longueur et 27 pieds de hauteur.

Origine de la propriété : Acquise le 22 décembre 1657 sur écuyer Jean de Kergroas, sieur de Penvern.

Rentes sur la maison : 16 Livres, 2 sols, 5 deniers à l’hôpital, 4 Livres 10 sols aux chanoines de Notre-Dame du Mur, 5 Livres 12 sols aux héritiers de Mathe et consorts.

Amende : 9 Livres 12 sols 6 deniers, pour 9 toises, 18 pieds 3/4.

Remarques : Numéro 30 sur le cadastre de 1833. Ces 2 maisons ont été remaniées au XIXe siècle, perdant leur avancée, et étant définitivement fusionnées, comme elles le sont déjà en 1782 (Mr Hamelin). Les 2 plans portent encore la marque de piliers pour deux bâtiments, comme ils apparaissent encore dans le croquis de Le Guennec. Contrairement aux précédentes maisons, celles-ci ont une forme bien urbaine (allongée, étroite, avec une façade en pignon).

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5. Maison de Monsieur de la Villejegu

Le 24 avril 1677, écuyer Pierre de Kersaintgilly et demoiselle Louise Noblet, sieur et dame de la Villejegu. Il réside sur place (ou dans son autre maison, numéro 8).

Dimensions de la maison : 20 pieds et demi de face sur le quai, pour 58 pieds de longueur. Inclus « le droit d’avancé sur le quai des chambres sur le devant, comme les maisons prochaines« , de 21 pieds d’avancé.

Origine de la propriété : succession de défunt noble homme Christophe Noblet, sieur de La Villeneuve, père de la dite dame qui les avait acquis le 8 janvier 1622 de demoiselle Marie Noblet.

Rentes sur la maison : néant.

Amende : néant.

Remarque : Numéro 31 sur le cadastre de 1833. Certes la description de contient pas de trace d’avancée en 1677, mais on les distingue assez bien sur le croquis de Le Guennec, le plan de 1782 et le cadastre de 1833. L’avancée est peut-être d’une construction postérieure à 1677, ou alors le détenteur est parvenu, d’une manière ou d’une autre, à échapper à l’amende frappant ses voisins.

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6. Maison des héritiers de Monsieur de Penvern Kergroas

Le 7 avril 1677, demoiselles Françoise Le Long, veuve de défunt noble homme Bertrand de Kergroas, sieur de Kermorvan, curatrice de leurs enfants mineurs, Françoise, Janne, Marguerite et Anne de Kergroas, dames de Kerbrat, La Villeneuve, Kerongar et Roziat, sous bénéfice d’inventaire de défunt écuyer Jean de Kergroas, sieur de Penvern. Il ne réside pas sur place, mais dans la paroisse de Saint-Mathieu.

Dimensions de la maison : 17 pieds de face sur le quai, pour 48 pieds de longueur. « Une saillie au dessus du dit quai au bout et d’attache à la maison, soutenue de trois pilotins dessous ».

Origine de la propriété : Succession pure et simple de défunte Marguerite Le Chaussec leur mère, qui l’avait acquise le 2 mars 1627 (avec son mari le sieur de Penvern) de défunte demoiselle Anne Le Grand.

Rentes sur la maison : 42 Livres aux héritiers d’écuyer Gilles Le Borgne, sieur de Goazrus, 27 Livres aux ayant cause de noble homme Pierre Guillouzou, sieur du Plessix, 27 sols à la grande confrérie des Trépassés, 60 sols aux héritiers de noble homme Auffrey Toulcoët.

Amende : 4 Livres, pour 4 toises.

Remarque : Numéro 32 sur le cadastre de 1833.

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7. Maison de Monsieur de Kervella

Le 8 avril 1677, noble homme François des Anges et demoiselle Marie de Kerbouzic, sieur et dame de Kervella. Il ne réside pas sur place.

Dimensions de la maison : 16 pieds de face sur le quai, pour 68 pieds de longueur. Pas de saillie décrite.

Origine de la propriété : Succession de défunts noble gens Vincent de Kerbouzic et Jacquette du Boys, en partie acquise de demoiselles Marie, Catherine et Amice du Boys, sieur de la dite Jacquette. Auparavant acquise par Vincent de Kerbouzic et sa compagne le 22 avril 1623.

Rentes sur la maison : 6 sols 1 denier à l’hôpital.

Amende : néant.

Remarque : Numéro 33 sur le cadastre de 1833. Comme pour la numéro 5 (Villejegu), la description de contient pas de trace d’avancée en 1677, mais on les distingue assez bien sur le croquis de Le Guennec, le plan de 1782 et le cadastre de 1833. Ici aussi, l’avancée peut être postérieure à 1677, ou l’amende a été évitée par des moyens détournés.

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8. Maison de Monsieur de La Villejegu

Le 24 avril 1677, écuyer Pierre de Kersaintgilly et demoiselle Louise Noblet, sieur et dame de la Villejegu. Il réside sur place (ou dans son autre maison, numéro 5).

Dimensions de la maison : 15 pieds et demi de face sur le quai, pour 66 pieds de longueur et 24 pieds de hauteur. « Le droit de saillie sur le dit quai de 15 pieds et demi ».

Origine de la propriété : Advenue à la demoiselle Noblet de la succession de défunt noble homme Christophe Noblet, sieur de Villeneuve, son père, selon un acte de partage du 17 octobre 1623.

Rentes sur la maison : néant.

Amende : néant.

Remarque : Numéro 34 sur le cadastre de 1833.

9. Maison de Monsieur de Lafargue

Le 6 avril 1677, noble homme Jan de Lafargue, sieur de Kerangoaguet, bourgeois et marchand. Il réside sur place.

Dimensions de la maison : 17 pieds et 1 pouce de face sur le quai, pour 66 pieds et 8 pouces de longueur. « Les chambres de devant de la grande maison avancent sur le quai de 15 pieds et demi, soutenu de piliers ».

Origine de la propriété : Acquis d’écuyer Jacques Michau, sieur de Montaran, par contrat du 29 septembre 1675.

Rentes sur la maison : 37 Livres 10 sols à la confrérie des Cinq Plaies de Saint-Melaine, 21 Livres 12 sols aux héritiers du sieur de Rochambleis, 18 sols à l’église Saint-Melaine.

Amende : 4 Livres 10 sols, pour 4 toises.

Remarque : Numéro 35 sur le cadastre de 1833.

10. Maison de Madame de Lannigou

Le 19 avril 1677, demoiselle Françoise Nuz, veuve de Jacques Le Normand, sieur de Lannigou, curatrice de leurs enfants mineurs. Elle réside sur place.

Dimensions de la maison : 14 pieds de face sur le quai, pour 76 pieds et demi de longueur. « Les chambres de devant avancent sur le dit quai de 15 pieds soutenu par des piliers« .

Origine de la propriété : Acquise de dame Françoise du Val, femme de noble homme Maurice Calloët seigneur de Kervanzec, par contrat du 19 septembre 1643, et par acte d’affranchissement de rente consenti par noble homme Meriadec Coroller, sieur de Kerorven, du 31 mars 1653.

Rentes sur la maison : néant.

Amende : 4 Livres, pour 4 toises.

11. Maison de Monsieur Croisier

Le 8 avril 1677, nobles gens Mathieu Croisier, sieur du dit lieu, et demoiselle Yvonne Toulcoet. Ils résident sur place.

Dimensions de la maison : 15 pieds et demi de face sur le quai, pour 55 pieds de longueur. « Les chambres de devant avancent sur le dit quai de 15 pieds, soutenu par des piliers« .

Origine de la propriété : Acquis judicieusement en la cour royale de Morlaix le 16 décembre 1662 par Messire Yves de Kermabon et par lui fait saisie et vendre sur les héritiers de noble homme Pierre du Pin et demoiselle Anne Blonsart, adjudication lui faite pour 5600 Livres. La même maison vendue au sieur Croisier par le dit seigneur de Kermabon le 8 février 1664 pour 5540 Livres.

Rentes sur la maison : néant.

Amende : 3 Livres 12 sols, pour 3 toises et demi et 1/8.

12. Maison de Monsieur de Tremeur

Le 29 mars 1677, noble homme Nicolas Le Diouguel, sieur de Tremeur, marchand et bourgeois. Il réside sur place.

Dimensions de la maison : 18 pieds de face sur le quai, pour 87 pieds 3 pouces de longueur (inclus la cour et un bâtiment derrière). « Les chambres de devant avancent sur le dit quai de 16 pieds, soutenu par deux piliers de pierre de taille et un de bois« .

Origine de la propriété : Acquis le 9 avril 1675, d’écuyer Ollivier de Tremenec, sieur de La Salle et dame Madeleine de Keratry sa compagne, d’écuyer Pierre de Trogoff et dame Fiacre de Tremenec sa compagne, sieur et dame de Kerharan(?), écuyer Jean-Baptiste de Lezormel et dame Marie-Françoise de Tremenec, sieur et dame de Penestang, faisant pour écuyer Michel de Tremenec, sieur de La Palue, leur frère puiné, interdit et sous la curatelle du dit sieur de La Salle son frère aîné.

Rentes sur la maison : néant.

Amende : 4 Livres 5 sols 8 deniers, pour 4 toises et 1/3.

Remarque : Numéro 39 sur le cadastre de 1833. Cette maison est la dernière à avoir perdu son avancée, en 1907. Sur l’étonnante photo prise depuis le viaduc, on peut noter la présence d’une cheminée qui devait chauffer les deux chambres « suspendues » au-dessus du quai. De l’autre côté (aval), la cheminée a été tronquée, peut-être après l’installation d’une autre source de chauffage. Il n’est pas possible de se prononcer sur la présence ou non d’un raccord entre l’avancée et le reste de la maison, car le mur est recouvert d’ardoises. Les deux piliers en pierre (sous les pignons) et le pilier en bois central, existent encore, tels que décrits en 1677.

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13. Maison de Monsieur de La Marre

Le 13 avril 1677, Jacques Alain, sieur de La Marre. Il réside sur place.

Dimensions de la maison : 19 pieds 3 pouces de face sur le quai, pour 90 pieds de longueur (inclus cour et cellier derrière). « Les chambres de devant avancent sur le dit quai de 15 pieds, soutenu par des piliers« .

Origine de la propriété : Acquis le 30 août 1662, par échange avec les sieurs et dame de Querdanneau Coroller. Lesquels l’avaient aussi acquis par échange avec demoiselle Marie Jegou, dame de Querbrat par contrat du 2 novembre 1639.

Rentes sur la maison : néant.

Amende : 4 Livres 5 sols, pour 4 toises et 1/4.

Remarque : Numéro 40 sur le cadastre de 1833.

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14. Maison de Monsieur de Kerouriou

Le 12 avril 1677, noble homme Guillaume Le Gendre, sieur de Kerouriou, pour lui et comme curateur de sa nièce demoiselle Catherine Le Borgne, fille de défunt Guy Le Borgne, sieur du Treuscoat, vivant conseiller du roi et bailli de la cour royale de Lanmeur, de son mariage avec défunte dame Françoise Le Gendre. Il ne réside pas sur place mais à côté de l’église Saint-Martin. Les 3/4 du cellier appartiennent au sieur de Kerleverin Rigolé.

Dimensions de la maison : 18 pieds de face sur le quai, pour 62 pieds de longueur. « Saillie sur le dit quai comme les autres maisons voisines ».

Origine de la propriété : Succession de défunt noble homme Yves Le Gendre, sieur de Kerouriou leur père qui les avaient acquis en échange avec demoiselle Anne de Botteur, épouse de noble homme Pierre Berger, sieur de Launay, par contrat du 10 octobre 1641.

Rentes sur la maison : 75 Livres au sieur de Launay Marec et Marguerite Geoffroy et consorts, héritiers de défunt sieur de Kerjezequel Foligou.

Amende : 4 Livres 5 sols, pour 4 toises et 1/4.

Remarque : Numéro 42 sur le cadastre de 1833. Alors que la façade de cette maison ressemble beaucoup à celle de la précédente, le cadastre laisse voir la différence de profondeur entre les deux bâtiments.

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15. Maison de Madame de Treffalegan

Le 22 avril 1677, dame Catherine Le Chaussec veuve de défunt messire Jean Thepaut vivant seigneur de Treffalegan. Elle ne réside pas sur place, mais rue des Nobles.

Dimensions de la maison : 21 pieds moins 1 pouce de face sur le quai, pour 108 pieds de longueur (inclus la cour et un logement derrière). « Les chambres de la dite maison principale étante soutenue par piliers et avancées sur le dit quai de 16 pieds« .

Origine de la propriété : Succession directes de défunts noble homme Jacques Le Chaussec, sieur de Kerbriand, et demoiselle Renée Calloët ses père et mère qui les avaient acquis et retiré par promesse lors d’une vente judiciaire à la cour royale de Morlaix le 10 juin 1627.

Rentes sur la maison : 4 Livres 4 sols 6 deniers au seigneur du Groezquer, 3 sols à la fabrique de l’église Saint-Melaine.

Amende : 4 Livres 11 sols, pour 4 toises et 1/2 et 6 pieds.

Remarque : Numéro 43 sur le cadastre de 1833. La seule représentation dont nous disposons de cette maison dévoile un style architectural antérieur aux deux précédentes. La forme ogivale du toit et les décorations au-dessus des piliers font d’avantage penser aux maisons XVIe siècle de la Grand-Rue.

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16. Maison de Monsieur de Kervella

Le 8 avril 1677, noble homme François des Anges et demoiselle Marie de Kerbouric sa compagne, sieur et dame de Kervella. Il réside sur place.

Dimensions de la maison : 19 pieds de face sur le quai, pour 60 pieds de longueur (inclus la cour derrière). « Les chambres de devant avancées de 15 pieds et demi sur le pavé, soutenu par trois piliers de bois« .

Origine de la propriété : Acquis le 11 juillet 1654 d’écuyer Yves Morice sieur de Kerouagat faisant pour demoiselle Françoise Quentin sa compagne.

Rentes sur la maison : 18 Livres aux héritiers de la douairière de Kerhamon Quintin, 12 Livres au sieur de Kerallou Le Bihan.

Amende : 4 Livres 6 sols 8 deniers, pour 4 toises et 1/3.

17. Maison de Monsieur de Trouern

Le 14 avril 1677, noble homme Rolland Guillousou, sieur de Trouern. Il n’y réside pas.

Dimensions de la maison : 17 pieds de face sur le quai, pour 67 pieds de longueur (inclus la cour derrière). Pas d’avancée décrite Décrite comme la 16ème (sic) à prendre depuis la porte du quai jusqu’à la Grande Venelle.

Origine de la propriété : Succession de défunte demoiselle Suzanne de Kermerchou sa mère compagne de noble homme Pierre Guillousou, sieur de Plessix, qui l’avaient eu en échange d’avec François Le Blonsart, sieur de Pontblanq suivant contrat du 31 mai 1645.

Rentes sur la maison : 60 Livres aux héritiers de la douairière de Kerhamon Blonsart, 30 Livres aux héritiers de défunte demoiselle Cristine Salaun dame douairière de Cornou, 72 sols à l’église paroissiale de Saint-Melaine.

Amende : néant.

18. Maison de Monsieur de Terenes

Le 26 avril 1677, François Le Diouguel, sieur de Terenes, pour lui et ses enfants d’avec Marguerite Noblet. Signé par Jan Le Diouguel, sieur de Kermorvan, faisant pour le dit sieur son père, affirmant ne pouvoir signer attendu son grand âge et infirmité. Il réside sur place.

Dimensions de la maison : 20 pieds et 3 pouces de face sur le quai, pour 73 pieds de longueur (inclus la cour derrière). « Compris l’avancement des chambres sur la lance au niveau des autres de 13 pieds 3 pouces« . « Bordée du côté suzain (amont) par la rue neuve, aussi nommée Grande Venelle ».

Origine de la propriété : Echange avec le sieur de Coatromarch de Kersulguen le 3 juillet 1632, « lors presque en ruine« .

Rentes sur la maison : 11 Livres 12 sols aux héritiers de Launay Marzin, 18 deniers à l’église Saint-Melaine.

Amende : 5 Livres 3 sols 4 deniers, pour 5 toises et 1/6.

Remarque : Numéro 46 sur le cadastre de 1833. La maison existe encore, sans son avancée, et l’on voit bien l’effet de la pente sur son architecture ; l’arrière de la maison est complètement enterrée.

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19. Maison de Monsieur de Keredern

Le 20 juin 1677, écuyer Maurice Guillousou sieur de Queredern. Il ne réside sur place, mais rue Saint-Melaine.

Dimensions de la maison : 23 pieds et 3 pouces de face sur le quai, pour 46 pieds de longueur (jusqu’à la cour). Pas d’avancée décrite. « Bordée du côté souzain (aval) par la Grande Venelle ou autrement nommée la rue neufve ». « Du côté suzain (amont) par  la maison aux héritiers de la demoiselle Ingrande. »

Origine de la propriété : Succession de défunt écuyer Yves Guillousou sieur de Kervidonnay et demoiselle Janne Le Borgne, ses père et mère, qui l’ont acquis de demoiselle Anne de Guingamp et noble homme Allain de Tuomelin sieur et dame de Kervener et demoiselle Françoise Rigolé mère de la dite dame de Guingamp, par contrat du 18 octobre 1641. Et aussi par contrat d’échange entre le sieur de Kervidonné et les demoiselles Catherine Despotes dame de Roslean et  Françoise Desportes dame de Coetangars, du 10 mai 1642. Et aussi par acquêt par le sieur de Kervidonné sur écuyer Pierre Guillousou et demoiselle Françoise Desportes sont épouse, par acte du 4 décembre 1647.

Rentes sur la maison : néant.

Amende : 5 Livres 6 sols 8 deniers, pour 5 toises et 1/3.

Remarque : Numéro 47 sur le cadastre de 1833. Nous n’avons qu’une représentation partielle de cette maison qui bordait la Grande Venelle, à gauche en descendant. L’avancée est taxée, mais pas décrite dans la déclaration de 1677. La largeur de la venelle semble plus large sur le cadastre de 1833 que sur le plan de 1782, ce bâtiment, ou bien celui de l’autre côté de la rue, a peut-être été « raboté ». Avant 1865, le chantier du viaduc a sonné le glas de la maison de Monsieur de Keredern, dont l’emplacement est aujourd’hui occupé par un arrêt de bus.

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20. Maison de Maître Pitot

Le 11 avril 1677, Maître Jean Pitot, notaire de cette cour, et sa compagne demoiselle Urbaine Rousseau, pour lui et pour noble homme François Rousseau sieur de Kerdro son frère. Il ne réside pas sur place mais dans la Grand-Rue.

Dimensions de la maison : 15 pieds de face sur le quai, pour 55 pieds de longueur et 27 pieds de hauteur (boutique, cellier, cuisine, 4 chambres – 2 devant et 2 derrière – et 2 galetas. Pas d’avancée décrite « Maison où demeure le sieur Claude Olivier« . « Donnant d’un côté sur la venelle qui conduit du quai chez Simone Fueillet et de l’autre côté maison aux enfants du sieur de Kervidonné« .

Origine de la propriété : Succession de défunte Janne Rousseau leur cousine.

Rentes sur la maison : 18 Livres à la demoiselle Kerloquet Calloët.

Amende : 5 Livres 6 sols 8 deniers, pour 5 toises et 1/3.

Remarque : Numéro 48 sur le cadastre de 1833. Même s’il n’y a pas d’avancée décrite, la maison n’échappe pas à l’amende, et la seule illustration disponible nous montre clairement une façade sur 3 piliers.

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21. Maison de Monsieur de La Rénière

Le 5 avril 1677, noble homme André Carré, sieur de La Rénière. Il réside sur place.

Dimensions de la maison : 21 pieds et demi de face sur le quai, pour 56 pieds de longueur. « Compris l’avancement des chambres sur la lance au niveau des autres de 13 pieds 3 pouces« . « Joignant d’un côté à la dite venelle (la venelle dite la rue courte) et du côté suzain (amont) à maison aux héritiers Kervidonné’« . « Les chambres de devant de laquelle maison avancent sur le quai de 18 pieds, soutenu par 3 piliers de bois. »

Origine de la propriété : Succession de défunt Louis Carré, sieur des Fontaines, son père qui l’acquis d’écuyer Pierre Guillousou, sieur de Trovoaz et sa compagne Françoise Desportes, par contrat du 25 août 1656.

Rentes sur la maison : 72 sols aux dames Carmélites.

Amende : 4 Livres 15 sols, pour 4 toises et 3/4.

Remarque : Numéro 50 sur le cadastre de 1833. Cette maison est longée côté aval d’une petite venelle montant au coeur de l’îlot urbain. On distingue ce passage par l’impression de décrochement sur le dessin du début XIXe siècle. Nous n’avons pas de représentation récente du bâtiment, puisqu’à sa place se trouve l’espace de dégagement autour du viaduc, qui a remplacé la petite venelle.

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22, 23 et 24. Maisons de Monsieur de Quermoné

Le 21 avril 1677, noble homme Guillaume Henry, sieur de Sermonné, et écuyer Nicolas Salaun sieur de Kermoal et sa compagne dame Françoise Henry, et faisant pour noble homme Yves Joseph Henry, sieur du Botteur. Lesdits Henry héritiers de défunt noble homme François Henry, sieur de Quermoné et Françoise Moal, leur père et mère. Il ne réside pas sur place, mais Grand-Rue.

Dimensions des maisons : 3 maisons s’entrejoignant et tenant ensemble avec leurs cours, jardins et issues derrièreDécrites de l’amont vers l’aval. La 1ère faisant 22 pieds sur le quai pour 74 pieds de longueur (inclus la cour derrière). Bordée d’un côté par la maison de Madame de Launay. La 2ème faisant 22 pieds sur le quai pour 74 pieds de longueur (inclus la cour derrière). La 3ème faisant 13 pieds sur le quai pour 74 pieds de longueur. La boutique sous la dite maison en partie appartenant au sieur de Kerverzec Pieron. Cernée d’un côté par la maison de Monsieur de La Rénière et pour un bout derrière par « la rue Saint-Melaine qui descend vers le quai. » Les 3 maisons sont mesurées « la saillie comprise.« 

Origine de la propriété : Succession de leur défunts père et mère, dans les loties des sieur de Quermoal, Quermonné et de Botmeur, selon le partage du 3 janvier 1672.

Rentes sur la maison : néant.

Amende : 15 Livres 11 sols 8 deniers, pour 14 toises et 1/2.

Remarque : Numéros 51 à 53 sur le cadastre de 1833. Avec les deux illustrations datant d’avant et d’après la Révolution, on peut voir la modification progressive du quai de Tréguier, peu avant la disparition des avancées. Sur le croquis de Le Guennec, la maison amont est étrangement gémellaire, avec une façade comme fendue à la verticale, qui cède la place à une belle façade droite au début du XIXe siècle, sans toucher à l’étonnant toit qui s’élève aussi haut que les pavillons de l’hôtel du Parc. La maison centrale ne change pas d’un pouce, mais la façade de la maison aval est également modernisée (plus de fenêtres).

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25. Maison de Madame de Launay

Le 1 avril 1677, Demoiselle Françoise Le Gendre, dame douairière de Launay Blanchart. Elle ne réside pas sur place, mais dans la Grand-Rue.

Dimensions de la maison : 20 pieds de face sur le quai, pour 58 pieds de longueur. « Maison size sous la Lance quai de Tréguier. » Entre la maison des héritiers de Monsieur de Kermoné et la maison de Monsieur de Kergadou. Derrière joignant à la « prépiteralle » de Saint-Melanie. « Chambres de devant avancés sur le pavé du dit quai soutenues par 3 piliers de bois. »

Origine de la propriété : Acquise de nobles gens Jacques Le Bigot et demoiselle Anne Thépaut, sieur et dame de Kermalvezan, par contrat du 10 septembre 1635.

Rentes sur la maison : 50 sols à Notre-Dame du Mur.

Amende : 5 Livres, pour 5 toises.

Remarque : Numéro 54 sur le cadastre de 1833. Nous disposons de plusieurs représentations de cette maison, avant le ravalement dont elle a été victime, probablement entre 1833 (cadastre) et la construction du viaduc (1865). Entre la fin du XVIIIe siècle (dessin de Le Guennec) et le début du XIXe siècle, il semble que la maison ait été revue, ou pour mieux dire, modernisée. La représentation des piliers me laisse songeur. La peinture en couleur en comporte clairement 3, plus 1 (le rouge) qui supporte aussi la maison voisine, alors que ceux des dessins au crayon ne sont a priori que 3, dont 2 sont partagés avec les voisins. Mon hypothèse est que l’alignement de piliers a été complètement revu et remplacé par une belle ligne de colonnes en pierre qui semble se poursuivre sous la maison voisine. L’ensemble préfigure les deux immeubles d’aujourd’hui avec chacun leur 4 lignes de 3 fenêtres.

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26. Hôtel de Monsieur de Kergadou du Parc

Le 21 avril 1677, Messire François du Parc, chevalier, seigneur de Kergadou, conseiller honoraire au Parlement de Bretagne. Il réside sur place.

Dimensions de la maison : 31 pieds de face sur le quai, pour 53 pieds de longueur (petite cour comprise). « Une maison faisant la 26e à prendre depuis la porte du quai pour monter à l’escalier du dit Saint-Melaine« . « Le bout au couchant sur le dit quai, au levant sur le cimittière du dit Saint-Melaine, au midi sur l’escalier et degré, au septentrion par la maison de Madame de Launay. » « La saillie sur ledit quai non comprise, laquelle a aussi de long 31 pieds et de laize 17, soutenue par 3 pilotins de taille. »

Origine de la propriété : Succession de défunt écuyer Guyon Huon, son aïeul maternel, pour l’avoir acquis de défunt écuyer Anthoine Quintin et demoiselle Anne Le Gac, sieur et dame de Coatanfrotter, du 6 février 1580.

Rentes sur la maison : 3 Livres à l’hôpital.

Amende : 8 Livres 15 sols, pour 8 toises et 3/4, moins 2 pieds.

Remarque : Numéro 55 sur le cadastre de 1833. Cet hôtel, que les historiens attribuent à François du Parc, est d’un style typiquement début XVIIème siècle, avant la naissance de ce seigneur. Il est à mon avis plus probable que le bâtisseur en soit son grand-père, Guyon Huon, sieur de Kergadou. Il n’est pas non plus impossible que les Quintin l’aient fait construire avant 1580 et que le seigneur de Kergadou ait ajouté certains éléments décoratifs et l’aile sur le quai au milieu du XVIIème siècle. L’hôtel a du garder son avancée assez longtemps, comme on peut le voir derrière le viaduc, dans la photo prise vers 1870.

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10 réflexions au sujet de « Le quai de Tréguier en 1677 »

  1. […] Le premier indice est la présence de maisons à Pondalez, typiques du 16ème siècle, dans cet alignement. En 1850, la « maison de Monsieur Querret », que je n’ai pas encore pu localiser avec précision, est décrite ainsi parmi les 24 maisons qui constituent l’ensemble du quai. Il pourrait d’ailleurs s’agir de la même maison dans le dessin d’Alfred Guesdon de 1833. A cela s’ajoute le fait qu’une maison est déjà décrite comme «en ruine» en 1632 en bas de la Grande Venelle. Or, cette rue est encore nommée rue neuve en 1677. Enfin, la réformation du domaine royal de 1677, qui permet de connaître l’origine de propriété de ces maisons, situe l’origine du quai dans les années 1620-1650 comme détaillé dans mon article sur le quai de Tréguier en 1677. […]

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  2. Bonjour à tous

    Google est mon ami….je viens de découvrir le sujet des Lances. Je m’interroge sur la maison déclarée n° 23 en 1814.
    En effet, j’ai découvert aux AD, l’inventaire après décès de Joseph HOMON qui stipule cette maison de 4 pièces , et dont il existait ou existe peut-être encore les liasses de propriétés,
    liasse d’adjudication du 14 janvier 1794, enregistré à Morlaix le 3 ventôse an 2 de la République…. acquisition de la Révolution ? pourquoi ? à qui ce numéro 23
    merci pour votre réponse Avec toute ma sympathie

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    1. Pas évident de retrouver ses petits avec les numéros des maisons aux différentes époques. Sur le cadastre de 1833, par exemple, les maisons des Lances sont numérotées du 28 (hôtel de Kerouartz) au 55 (hôtel du Parc). Votre ancêtre est a priori décédé dans l’une des maisons en aval sur le quai des Lances. Il s’agirait d’une des deux maisons remplacées vers 1880 par la grande maison blanche numérotée aujourd’hui 2 place Charles de Gaulle.

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